Depuis quelques jours, on assiste à un soudain branle-bas de combat dans les gouvernements européens et à Bruxelles. Hier, 800 réfugiés sont morts par noyade au large des côtes libyennes, la semaine dernière, ils étaient 700 dans l’embarcation qui a fait naufrage. La situation n’est plus tolérable ! Mais qu’y a-t-il de si nouveau ? En octobre 2013, le « drame de Lampedusa » avait déjà suscité une vive émotion. Pourtant, depuis, rien n’a été réglé, amélioré, malgré les deux opérations organisées par FRONTEX, l’agence européenne chargée du contrôle des frontières extérieures de l’Union, qui se sont succédées en quelques mois.

Au niveau européen, le renforcement du contrôle des frontières extérieures prend le pas sur la protection des réfugiés et la lutte contre les trafics. Et quand des réfugiés parviennent jusqu’au continent, les États-membres se battent pour savoir qui doit examiner les demandes d’asile et organiser leur accueil, oubliant qu’il s’agit d’êtres humains dont la vie est menacée…

En France, tous les moyens sont bons pour restreindre la présence légale des étrangers. En parallèle, d’après le rapport de la Cour des comptes, seul 1 % des demandeurs d’asile déboutés est reconduit à la frontière. La clandestinité de nombreux immigrés est ainsi le fait de l’État français.

La politique répressive mise en place sur le continent européen depuis les années 90 à l’encontre des migrants a montré son échec. Plutôt que de pointer du doigt le coût du système d’asile, évaluons celui du contrôle de nos frontières, le manque à gagner lié aux séjours clandestins, et les dégâts humains dus aux trafics en tout genre…

Notre système est insensé. Le réviser au niveau français et en prenant le problème par le petit bout de la lorgnette comme le fait le projet de loi qui sera bientôt étudié par le Sénat, en ciblant la question de la durée des procédures, ne mènera à rien ou presque. C’est notre approche des migrations et de l’asile qu’il faut changer, et cela n’est pas si compliqué.

  • Organisons une répartition équitable du traitement des demandes d’asile et de l’accueil entre les États-membres,
  • accompagnée d’une répartition des moyens ;
  • assouplissons et harmonisons les voies légales d’immigration ;
  • popularisons l’octroi de visas permettant de se rendre légalement dans un pays pour y demander l’asile par les délégations de l’Union européenne ;
  • mettons en place la protection temporaire qui permet une accélération des procédures en cas de guerre comme cela avait été le cas pour le Kosovo mais n’a pas été réitéré pour des cas pourtant similaires tels que la Syrie ;
  • mettons fin aux listes de pays d’origine sûrs qui nuisent à l’examen correct des demandes et provoquent un effet absurde de vases communicants entre les États-membres ;
  • concentrons-nous, enfin, sur la lutte contre les trafics d’êtres humains, d’organe, de drogue et d’armes.

Loé Lagrange, porte-parole de Nouvelle Donne