Économiste réputé (il a fait partie de la commission Stiglitz sur les nouveaux indicateurs de croissance), professeur à Lille I, Jean Gadrey est l’un des membres fondateurs du mouvement Nouvelle Donne, aux côtés de l’économiste Pierre Larrouturou, de l’humoriste Bruno Gaccio, de la sociologue Dominique Meda, du philosophe Edgar Morin, entre autres. Un parti qui veut se libérer des partis, « changer notre façon de penser et d’agir » et imaginer une nouvelle façon de penser le progrès social dans un contexte de croissance très faible.
Avec 5 millions d’inscrits à Pôle Emploi, des millions de précaires et 9 millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté, jamais la France n’avait connu une telle crise sociale. Pour en sortir, les oracles de tout bord appellent à la sacro-sainte croissance, celle qui libérera les entreprises, l’économie, l’emploi.
« Mais ce n’est pas cette quête éperdue de la croissance qui nous sortira de la crise, estime Jean Gadrey. Qui peut encore croire que la croissance va revenir comme au temps des Trente Glorieuses et qu’elle seule suffira à créer des millions d’emplois ? De plus, une croissance très forte détruirait encore plus rapidement les ressources renouvelables de la planète. »
Jean Gadrey, comme ses amis de Nouvelle Donne, dont le mouvement vient d’être lancé dans le Nord – Pas-de-Calais, ne sont pas pour autant des adeptes de la « décroissance », mais d’une autre manière de penser et d’agir.
« Cette fin attendue de la croissance n’est pas une catastrophe en soi si on prend les mesures pour arriver à une autre forme de prospérité et de progrès social. »
Contrôler la finance
Dans un contexte où les inégalités n’ont jamais été aussi fortes, les promoteurs de Nouvelle Donne prônent un vrai contrôle de la finance, une « finance qui a pris le pouvoir sur l’économie réelle ».
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Par JEAN-MARC PETIT PHOTO PATRICK JAMES
PUBLIÉ LE 24/02/2014