Article à retrouver à l’adresse suivante : http://internacional.elpais.com/internacional/2014/04/29/actualidad/1398793749_118221.htmlVersion française :

Membre du collectif Roosevelt, qui a été fondé en 2012 par les vieux combattants et des indignés modernes, Stéphane Hessel et Edgar Morin, le politique, économiste et ingénieur agronome Pierre Larrouturou est l’un des rares experts français qui avait vu venir la grande récession et l’avait annoncée. Dix ans dirigeant du Parti socialiste français et deux d’EELV, Pierre Larrouturou (Périgueux, 1964) a abandonné le PS en 2009, y est revenu en 2012 et a publié l’an dernier avec l’ancien premier ministre Michel Rocard l’essai La gauche n’a plus droit à l’erreur (Flammarion), une brillante analyse des causes de la crise proposant 15 solutions concrètes pour affronter ce que l’ancien premier ministre socialiste définissait en 2007 comme la « crise suicidaire du capitalisme ».

Aujourd’hui, Larrouturou a transformé son ancien courant-  appelé Nouvelle Donne en hommage aux réformes connues du New Deal mises en place en 1933 par le président américain Franklin D. Roosevelt- en parti, assez proche du parti X espagnol. Nouvelle Donne participera aux élections européennes avec l’appui, entre autres, de Susan George, la famille de Stéphane Hessel et le chef d’entreprise Alain Godard.

Les sondages lui accordent seulement 3% des intentions de vote mais l’auteur du pamphlet C’est plus grave que ce qu’on vous dit mais on peut s’en sortir ! (Editions Nova) espère obtenir les 5% nécessaires pour arriver à Strasbourg avec sa mesure phare : la semaine de 32 h qui d’après lui créerait 2 millions d’emplois.

Indigné par le plan d’austérité voté hier à l’Assemblée Nationale, Larrouturou, qui est encore conseiller régional en Ile de France affirme que le « PS est un organisme mort depuis 2002 » et raconte que Michel Rocard « est sorti horrifié et désespéré » de ses réunions avec François Hollande et son principal conseiller économique, l’ex-banquier Emmanuel Maccron : « C’est ridicule, alors qu’Obama et Merkel mettent l’accent sur la justice sociale et la lutte contre la fraude fiscale, Hollande et Valls appliquent des recettes qui ne marchent pas depuis 30 ans »

Question : Comment définiriez-vous la nouvelle politique de Hollande ?

Réponse : C’est un tournant néolibéral, aveugle et caduc, y compris au goût de l’Allemagne. Pendant que les Etats Unis, le Royaume Uni, l’Allemagne et l’Autriche parient sur l’augmentation du salaire minimum et la lutte contre l’évasion fiscale pour stimuler la consommation, Hollande fait le contraire, il baisse les impôts sur les entreprises de 30 milliards et fait une coupe sombre de 50 milliards dans les dépenses publiques. C’est une supercherie de dire que ce n’est qu’ainsi que nous pourrons créer de l’emploi, retrouver la croissance et garder notre souveraineté nationale. Qu’on en parle à la Grèce, au Portugal ou à l’Espagne…

Q : Le Gouvernement dit que c’est Bruxelles qui l’oblige à faire des coupes.

R : Il est vrai qu’il faut faire des économies sur certaines choses, par exemple sur les dépenses en antibiotiques et il est urgent de réduire le poids de la dette. Mais il faut faire cela d’une autre façon. Il faut que la BCE prête de l’argent aux états à 0%, nous serions ainsi soulagés de 20 milliards par an. L’impôt sur les sociétés est passé en Europe d’une moyenne de 37% en 1995 à 25% de nos jours. Si on harmonisait à 40%, le taux que pratique les Etats Unis, la France engrangerait 21 milliards de plus par an et l’Espagne 18 milliards. Mais Hollande s’entête à faire le contraire : il donne champ libre aux banques, il fait capoter la taxe Tobin, gèle le salaire des fonctionnaires et les retraites. Jean Marc Ayrault est parti désespéré par l’inaction de Hollande au niveau européen et par son absence de dialogue. Nous continuons à vivre dans un système monarchique et le PS est mort depuis 2002. Hollande s’était engagé à faire deux conventions par an pour réfléchir. En dix ans, il n’en a faite aucune.

Q : L’Irlande et la Hollande ne permettront jamais qu’on augmente l’impôt sur les sociétés.

R : Il faut juste leur montrer les chiffres. Selon l’OCDE, qui n’est pas franchement un organe de propagande stalinien, entre 1980 et 2010, les marchés financiers ont dévoré 150% du PIB européen, une part qui avant cela allait vers les salaires du public et du privé et les caisses de l’Etat. Cet argent est passé de la poche des travailleurs aux paradis fiscaux. Obama  le sait et essaie d’y mettre un terme. Hollande, lui, ne fait rien mis à part mettre Valls à la tête du gouvernement pour le « crâmer » et préparer la cohabitation avec la droite. Il sait bien qu’aucun président n’a été réélu sauf en cas de cohabitation. Vous verrez que dans quelques mois François Hollande dissoudra l’ Assemblée….

Q : Votre parti propose de mettre en place la semaine de 4 jours pour lutter contre le chômage. Mais certains remettent déjà en question les 35h. Cela vous paraît faisable ?

R : La productivité a augmenté en France de 50% en 40 ans grâce à la technologie. Le passage à 35h a été un demi-échec, mais il a permis de créer 300.000 emplois. Une étude ministérielle montre que si la semaine de travail passait à 4 jours, on pourrait créer 1,6 millions de nouveaux emplois. Une autre étude affirme que la moyenne est de 39.3 heures. Certains travaillent 40 heures et d’autres, des millions de chômeurs, 0 heure, ce partage du travail sauvage ne profite qu’aux actionnaires. Travailler 4 jours est plus intelligent, plus simple, plus humain, mieux d’un point de vue économique et mieux pour les travailleurs et pour le pays. Si on ajoute à cela un pacte européen pour l’énergie à long terme, s’il y a deux millions de nouveaux consommateurs, la croissance et l’activité reprendront. L’Allemagne, avec des coupes dans les prestations sociales et dans les dépenses publiques en plus des lois Hartz , a un PIB qui a moins augmenté que le PIB de la France, lequel pourtant augmente très peu depuis 30 ans. Les Etats Unis ont une croissance très faible malgré les 1000 milliards injectés par la Banque Centrale, le Japon a une croissance de 0.7% depuis 20 ans et en Chine la bulle immobilière est entrain d’éclater. Le drame, c’est que les socialistes, au lieu de réguler et d’augmenter les droits, suppriment les règles. Comme disent les indignés espagnols, ceci n’est pas une crise, ceci est une arnaque. Quel est leur objectif ? mourir mais en étant les plus compétitifs du cimetière. Il est urgent de faire une politique différente. Si non, ce sera bientôt le FN qui la fera. C’est pour cela que nous avons crée Nouvelle Donne.

Version originale :

Pierre Larrouturou, exdirigente socialista, en enero pasado. /BALTEL/SIPA / CORDON PRESS

Miembro del Colectivo Roosevelt fundado en 2012 por los viejos combatientes y modernos indignados Stéphane Hessel y Edgar Morin, el político, economista e ingeniero agrónomo Pierre Larrouturou es uno de los raros expertos que vio venir y anunció la llegada de la gran recesión. Diez años dirigente del Partido Socialista francés y dos de los Verdes, Larrouturou (Périgueux, 1964) abandonó el PS en 2009, volvió en 2012 y el año pasado publicó con el exprimer ministro Michel Rocard el ensayo La gauche n’a plus droit à l’erreur (La izquierda no tiene derecho a equivocarse, Flammarion), un brillante análisis de las causas de la crisis que propone 15 soluciones concretas para afrontar lo que el exprimer ministro socialista definió en 2007 como la “crisis suicida del capitalismo”.

Ahora, Larrouturou ha convertido su vieja corriente socialista —llamada Nouvelle Donne (Nueva Situación) en homenaje a las reformas conocidas como el New Deal que puso en marcha en 1933 el presidente estadounidense Franklin D. Roosevelt—, en un partido que concurrirá, hermanado con el Partido X español, a las elecciones europeas con el apoyo de, entre otros, Susan George, Rocard, Morin, la familia de Hessel y el empresario Alain Godard.

Los sondeos solo les conceden un 3% de intención de voto, pero el autor del panfleto C’est plus grave que çe qu’on vous dit… mais on peut s’en sortir! (Es más grave de lo que les cuentan, ¡pero podemos salir!, Nova Éditions) confía en obtener el 5% necesario para llegar a Estrasburgo con su medida faro: la semana laboral de 32 horas, que según afirma crearía dos millones de empleos.

Indignado con el plan de austeridad votado ayer en la Asamblea Nacional, Larrouturou, que todavía es consejero regional socialista en Île de France, afirma que “el PS es un organismo muerto desde 2002”, y cuenta que Michel Rocard “salió aterrorizado y sin esperanza” de sus reuniones con François Hollande y su principal asesor económico, el exbanquero Emmanuel Maccron: “Es ridículo, mientras Obama y Merkel ponen el acento en la justicia social y el fraude fiscal, Hollande y Valls están aplicando recetas fracasadas desde hace 30 años”.Hay que cambiar los tratados europeos para que el BCE preste dinero al 0%

Pregunta: ¿Cómo definiría esta nueva política de Hollande?

Respuesta: Es un giro neoliberal, ciego y trasnochado incluso para el gusto de Alemania, con un toque japonés. Mientras Estados Unidos, Reino Unido, Alemania y Austria apuestan por subir el salario mínimo y por combatir la evasión fiscal para estimular el consumo, Hollande hace lo contrario, bajar los impuestos en 30.000 millones a las empresas y recortar en 50.000 millones el gasto. La falacia consiste en decir que solo así se creará empleo, volverá el crecimiento y el país mantendrá su soberanía. Que se lo digan a Grecia, a Portugal y a España…

P. El Gobierno dice que Bruselas obliga a recortar.

R. Es cierto que hay que recortar algunas cosas, sobre todo el gasto en antibióticos. Y que es urgente es reducir el peso de la deuda. Pero debe hacerse de otra forma. Hay que cambiar los tratados europeos para que el BCE preste dinero al 0%; así nos liberaríamos de 20.000 millones anuales. El impuesto de sociedades ha bajado en Europa desde una media del 37% en 1995 hasta el 25% actual. Si se unificara al 40%, el nivel que mantiene EEUU, Francia ingresaría 21.000 millones más al año y España 18.000. Pero Hollande se empeña en lo contrario: dar barra libre a los bancos, aguar la Tasa Tobin y congelar los salarios de los funcionarios y las pensiones. Jean-Marc Ayrault se marchó desesperado por la inacción de Hollande en Europa y por la ausencia de diálogo. Seguimos viviendo en un sistema monárquico. Y el PS está muerto desde 2002. Hollande se comprometió a hacer dos convenciones anuales para reflexionar. En diez años no hizo ninguna.

P. Irlanda u Holanda jamás se dejarán subir el impuesto de sociedades.

R. Solo hay que mostrarles los datos. Según la OCDE, que no es precisamente un órgano de propaganda estalinista, entre 1980 y 2010 los mercados financieros se han comido el 150% del PIB europeo que antes iba a sueldos públicos y privados o a las arcas estatales. Ese dinero se ha transferido desde los bolsillos de los trabajadores a paraísos fiscales. Obama lo sabe e intenta acabar con eso. Hollande no hace nada, salvo poner a Valls al frente del Gobierno para quemarlo y preparar la cohabitación con la derecha. Sabe que ningún presidente ha sido reelegido salvo cuando ha habido cohabitación. Ya verá cómo en unos meses Valls dimitirá y Hollande disolverá el Parlamento…La productividad en Francia ha aumentado en 40 años un 50% gracias a la tecnología

P. Su partido propone instaurar la semana laboral de 32 horas y cuatro días para luchar contra el paro. Pero algunos ya cuestionan las 35 horas. ¿Es factible?

R. La productividad en Francia ha aumentado en 40 años un 50% gracias a la tecnología. El salto a las 35 horas ha sido un semifracaso, pero sirvió para crear 300.000 empleos. Un estudio ministerial muestra que si la semana pasara a cuatro días, se crearían 1,6 millones de empleos nuevos. Otro estudio afirma que la media de trabajo hoy es de 39,6 horas. Unos trabajan 40, y otros cero, la medida solo beneficia a las empresas. Trabajar 32 horas es más inteligente, más sencillo, más humano, más económico y mejor para los trabajadores y para el país. Si a ese se le suma un pacto europeo por la energía a largo plazo, Si hay dos millones de consumidores nuevos, el crecimiento y la actividad volverán. Con sus recortes sociales y del gasto y las leyes Hartz, el PIB de Alemania ha crecido menos que el de Francia, que lleva 30 años sin crecer en términos reales. Estados Unidos tampoco crece pese a las masivas inyecciones de capital. Y en China está explotando la burbuja inmobiliaria. El drama es que los socialistas, en vez de regular y aumentar derechos, suprimen todas las reglas. Como dicen los indignados españoles, esto no es una crisis, es una estafa. Su objetivo es que muramos siendo los más competitivos del cementerio. Es urgente hacer una política distinta. Si no, muy pronto será el Frente Nacional el que la haga.