Pour Nouvelle Donne, l’évolution de la société doit être reflétée dans la répartition du travail : les gains de productivité (robotisation, informatisation, etc.) permettent aujourd’hui de produire plus avec des moyens humains largement réduits ; les compétences et qualifications nécessaires se répartissent également différemment, les tâches manuelles étant plus facilement remplacées par des robots que les activités intellectuelles. Dans un tel contexte, nous ne pouvons maintenir la durée moyenne de travail actuelle : nous devons toutes et tous travailler moins, pour toutes et tous pouvoir travailler. Nous devons mettre un terme à l’absurdité d’aujourd’hui qui conduit les un·e·s au surmenage à cause de semaines de 50 ou 70 heures, tandis que d’autres ne parviennent pas à trouver un emploi et se voient refuser les formations qui leur permettraient, peut-être, de réintégrer le circuit.

Nous pourrions par exemple passer à la semaine de 32 heures, voire de 30 heures comme le suggèrent des économistes allemand·e·s ou le parti belge PTB. Il faut également mieux prendre en compte les évolutions ou les changements de carrière, devenus inévitables. Cela passe notamment par une flexibilité encadrée, qui doit se traduire par des périodes de formation concrètement et systématiquement intégrées au sein des entreprises.

Réfléchir à notre rapport au travail c’est aussi améliorer le rôle et la place des femmes dans notre société. En effet, se trouve dans le monde du travail la source de nombreuses inégalités entre les femmes et les hommes : inégalités salariales (27 % en France, 24 % à l’échelle mondiale, 16 % en Europe), plafond de verre qui empêche de nombreuses femmes d’accéder aux postes à responsabilités malgré une expérience et des qualifications équivalentes, travail non rémunéré (tâches domestiques, enfants… qui prennent en moyenne aux femmes 10 heures de plus par semaine qu’aux hommes dans les couples hétérosexuels), temps partiels non souhaités, discrimination à l’embauche… Ces facteurs constituent autant de freins à l’instauration d’un meilleur équilibre entre femmes et hommes dans notre société.

En réduisant le temps de travail, femmes et hommes pourront plus aisément partager les activités de la vie quotidienne pour s’investir dans d’autres projets, que ce soit sur le plan associatif, politique, ou encore liés aux loisirs. Par ailleurs, en proposant une acceptation sociale d’une absence de linéarité dans les carrières, la maternité et même la paternité ne constitueront plus des obstacles à la carrière des femmes et des hommes… qui auront davantage de possibilités pour s’investir également auprès de leurs enfants.

Ce type de parades pragmatiques est cependant largement insuffisant et doit impérativement s’accompagnement d’efforts pour changer les mentalités : seule une lutte sans relâche contre toutes les formes de discriminations permettra de mettre fin à l’accaparement, par quelques un·e·s, des postes disponibles, des postes les mieux rémunérés, des postes les plus prestigieux…en un mot, du marché du travail dans son ensemble.

Enfin, réfléchir à notre rapport au travail c’est aussi poser la question de la place qu’il doit avoir dans nos vies et au sein de la société. C’est poser la question de ce qu’est le travail. Aujourd’hui, une grande partie de ce qui devrait relever de droits inaliénables, se nourrir correctement, se loger décemment, vivre dignement, est finalement conditionnée à l’exercice d’un travail rémunéré. De ce fait, et particulièrement en période de crise, le chantage au chômage sert à niveler par le bas les conditions de travail, chaque fois davantage remises en causes. Poser la question du travail passe donc par une réflexion sur des outils tels que le revenu inconditionnel de base, qui pourraient permettre à toutes et à tous de vivre dignement. Celui-ci permettrait à beaucoup de pouvoir s’investir au service de la société, dans le cadre d’activités associatives par exemple. Il permettrait également de prendre réellement en compte la pénibilité puisque plus personne n’exercerait sous la contrainte, la peur, ou la menace du chômage. Les activités à la plus grande pénibilité devraient donc nécessairement être les mieux rémunérées. Le revenu inconditionnel de base permettrait ainsi d’inverser totalement le rapport de force au sein des entreprises, qui ne pourraient plus tenter de faire accepter n’importe quoi, à n’importe quelles conditions.

Cette fête du « travail » amène donc à poser de nombreuses questions sur le sens de ce mot et la valeur que nous souhaitons lui attribuer dans notre société.

Seuls les emplois doivent-ils être rémunérés ? Que considère-t-on comme étant du « travail » ? Le travail rémunéré doit-il être au cœur de notre vie sociale et de notre projet de société ? Comment faire en sorte que l’école, l’université et la recherche n’aient pas pour fonction unique l’insertion sur le marché du travail mais qu’elles aient également l’ambition bien plus large de former une société sans discrimination, avec des citoyennes et des citoyens conscient·e·s de leurs droits comme de leurs devoirs, et capables de comprendre quels sont leurs intérêts communs ?

Sortons de la double possibilité évoquée par Molière, « manger pour vivre ou vivre pour manger ? », pour simplement vivre et travailler, dans le respect des autres et de soi-même.

Pour Nouvelle Donne, la commission Égalité des Genres