Depuis bientôt deux ans, j’ai participé aux travaux législatifs de la majorité gouvernementale. J’ai accepté de voter des textes que je trouvais insuffisants, pas à la hauteur des problèmes des Français. Et plus le temps passait, plus les lois étaient désastreuses. Sur les retraites. Sur la casse du droit du travail. Sur l’augmentation de la TVA sans contreparties pour les ménages. Sur la transition écologique. Ah, non, cette dernière a été repoussée encore et encore.

Le groupe écologiste m’a confié la responsabilité de nos amendements au projet de loi Enseignement supérieur et Recherche en 2013. J’ai alors découvert que les négociations finales ne dépendaient pas de la ministre, Geneviève Fioraso. C’est à l’Elysée que mes demandes ont été entendues.

J’en ai eu la confirmation à de nombreuses reprises : c’est à l’Elysée que tout se décide.

Si François Hollande ne change pas de politique, le remaniement est un non-événement.

Si François Hollande ne change pas de politique, le chômage continuera d’augmenter.

Si François Hollande ne change pas de politique, les Français continueront de vivre dans la peur.

Si François Hollande ne change pas de politique, nous allons dans le mur, tous ensemble.

Les inégalités se creusent : chaque mois, ce sont des millions de citoyens qui vivent la galère des contrats précaires, des milliers qui viennent grossir les rangs des chômeurs, ce sont des dizaines de milliers de pauvres qui disparaissent des statistiques.

Le temps n’est pas à la demi mesure et au recyclage des méthodes qui n’ont jamais marché.

Non, faciliter les licenciements n’a jamais provoqué des embauches massives.

Non, baisser les cotisations patronales sur les bas salaires n’a jamais provoqué des embauches massives.

Les solutions existent. Le Danemark a un faible taux de chômage, et des cotisations élevées. Le Canada a un mécanisme de chômage partiel facile à utiliser, et protecteur pour les salariés et les entreprises. Le financement de la dette publique par la Banque centrale européenne est possible, par l’intermédiaire de la Banque européenne d’investissement.

Ces solutions, elles peuvent être mises en œuvre dès aujourd’hui. C’est maintenant qu’il faut le dire avec force, et l’imposer dans le débat. Pas dans trois ans, quand la gauche aura perdu tout moyen d’agir.

Face à cette situation, face à l’aveuglement du gouvernement, je ne peux que dire non. J’ai donné ma confiance il y a deux ans. Les actes n’ont pas été à la hauteur des promesses.

Je retire donc ma confiance à ce gouvernement qui n’a pas été remanié, qui prolonge un diagnostic faux et qui entend accélérer dans la mauvaise direction.

Je souhaite en toute sincérité qu’il mérite à nouveau ma confiance rapidement. Mais le discours de Manuel Valls aujourd’hui montre qu’il n’a pas entendu les attentes des Français.

Les élections européennes seront une nouvelle occasion pour les Français d’envoyer un message au gouvernement. Je ferai campagne avec les militants Nouvelle Donne pour convaincre un maximum de citoyens qu’une autre politique est possible. Oui, il existe une alternative crédible. Avec les municipales, notre pays a touché le fond. Avec les européennes, les citoyens doivent reprendre la main.

Retrouvez ce texte sur le blog d’Isabelle Attard