L’idéologie néolibérale en profite pour dénoncer le “Trop d’État” et appeler à des baisses drastiques des dépenses publiques. Or, l’analyse est faussée par le fait que les dépenses publiques mélangent deux choses différentes :

1/ Des dépenses d’administration, celles de l’État et des collectivités locales, qui visent à offrir les services publics tels que l’éducation, la justice, la police, la défense mais aussi toute la vie communale ou régionale. Leur financement relève de ce qu’on peut appeler “l’impôt”,

2/ Des dépenses de Sécurité sociale, essentiellement la Santé et la Retraite, qui relèvent en fait d’une logique de cotisations sociales, que la France a choisi de rendre largement publiques pour une meilleure solidarité et efficacité. Le financement relève ici d’une logique d’achat de prestations d’assurance publiques. Il est difficile d’appeler véritablement “impôt” une cotisation génératrice de droits pour sa future retraite.

Or, on observe que les dépenses d’administration sont relativement stables depuis 30 ans – et même qu’en fait, la part de l’État a abaissé suite aux décentralisations. Ce qui monte continument, ce sont les dépenses de Sécurité sociale, car elles sont liées au vieillissement de la population et au progrès technique médical, qui a augmenté l’espérance de vie de 8 ans sur la période.

C’est pour cela que les “dépenses publiques montent” – et il est probable (et sans doute souhaitable) que cela continuera dans les années à venir. Vouloir freiner la hausse des dépenses publiques par des baisses des dépenses d’administration se traduit par une dégradation de services publics fondamentaux, à commencer par l’éducation. Cela ne signifie toutefois pas qu’il ne faille pas améliorer la productivité de ces services publics, mais avec mesure et sans dégradation des services rendus.

Les comparaisons internationales de dépenses publiques n’ont guère de sens, car le périmètre de socialisation des dépenses publiques n’est pas le même. C’est comme comparer uniquement le prix de forfaits téléphoniques sans s’intéresser aux durées d’appels qu’ils offrent ! Ainsi tel pays voisin aura 3 points de dépenses publiques en moins, mais il aura peut-être 3 points de dépenses privées d’assurances santé et retraite en plus, ce qui reviendrait au même au niveau macroscopique.

Le vieillissement de la population est un des enjeux majeurs des vingt prochaines années, et il induira d’importantes modifications de nos structures sociétales, qu’il convient d’anticiper.