Le Télégramme (Bretagne)
Finistère-sud , vendredi 10 octobre 2014, p. QPR7 – Quimper
Ronan Larvor

 

L’acronyme commence à résonner de plus en plus souvent dans l’actualité mais son sens reste parfois un peu flou. Pour le nouveau collectif qui vient de se mettre en place en Cornouaille, il y a pourtant urgence à ce que chacun s’approprie un débat sur l’avenir qu’il estime escamoté : la dérégulation généralisée dans le cadre d’un grand marché USA-Europe.

Mercredi, à Quimper, les représentants du nouveau Collectif Stop Tafta (*) ont lancé une grande campagne d’information. Tafta peut être traduit par Grand marché transatlantique. « En juin 2013, le conseil de l’Union européenne, qui réunit les chefs d’État et de gouvernement, a donné mandat à la commission d’ouvrir des négociations avec les États-Unis en vue de créer le plus vaste marché du monde », explique Martine Petit, porte-parole. « Il s’agit de libéraliser encore plus les échanges commerciaux en s’attaquant aux normes sociales, environnementales (OGM), sanitaires (pesticides), qui sont considérées comme des entraves à une concurrence libre et non faussée », ajoute Henri Guillou. La Commission européenne a elle-même reconnu que le Traité était susceptible de provoquer une perturbation « durable et substantielle » du marché du travail européen, les entreprises étant incitées à recourir aux biens et services produits aux USA où les normes de travail sont plus faibles et les droits syndicaux inexistants.

Opacité

Les opposants à ce traité dénoncent un « déni de démocratie », les négociations se passant sans concertation. Ils s’inquiètent fortement de l’instauration d’un tribunal privé pour arbitrer les litiges entre état et multinationales. « Dans le même esprit, on a déjà vu le cigarettier Philip Morris attaquer l’Australie pour sa campagne anti-tabac, rappelle Pascal Petit. Des multinationales ont demandé d’énormes dédommagements à l’Allemagne qui veut limiter le nucléaire. On sait ce que peut produire un tel tribunal avec l’affaire Tapie ».

Manifestation demain

« Nous voulons mobiliser pour que les textes des accords soient rendus publics, ajoute Martine Petit. Concrètement, notre collectif va interpeller les élus locaux pour qu’ils s’engagent sur le refus de cette diplomatie secrète. Nous allons aussi demander aux collectivités territoriales de se déclarer symboliquement “hors Tafta”. Actuellement, sept régions françaises l’ont fait, six dont la Bretagne ont dit être en “vigilance”. 90 villes se sont déclarées hors Tafta »

. Dans le cadre d’une journée européenne, le Collectif cornouaillais organise une manifestation demain, à 11 h, place Terre-au-Duc.

* Attac, Ligue des Droits de l’Homme, Civam 29, Cyberacteurs, UDSEA-Confédération paysanne, Sud Éducation, FSU, EELV, Apli, Ensemble !, NPA, UDB, PCF, Nouvelle Donne, Indignés…