Investir dans le logement pour créer massivement des emplois et faire baisser les loyers.

Le rapport annuel sur l’état du mal-logement de la Fondation Abbé Pierre rendu public le 31 janvier 2017 dessine le portrait d’une France fracturée par la crise : « 4 millions de personnes sans abri, mal logées ou sans logement personnel. Au total, près de 15 millions de personnes sont touchées à des degrés divers par la crise du logement : effort financier excessif, précarité énergétique, risque d’expulsion locative, copropriétés en difficulté, surpeuplement…

À bien des égards, pour les pauvres, les classes populaires et classes moyennes, la situation tend à s’aggraver, en particulier depuis la hausse des prix de l’immobilier des années 2000 et le déclenchement de la crise en 2008. »

Le nombre de personnes sans domicile a augmenté de 50 % entre 2001 et 2012. Celui des personnes en hébergement contraint chez des tiers de 19 % entre 2002 et 2013… Face à ces réalités inquiétantes, quelle a été l’action gouvernementale depuis 5 ans ? Bien des chantiers ont été ouverts mais ils se sont souvent heurtés à des renoncements politiques et à une austérité budgétaire qui empêche d’apporter une réponse à la hauteur de la gravité de la situation.

« Il n’y a pas de réelles volonté politique si on ne réfléchit pas sur les moyens de créer de nouvelles marges de manœuvre budgétaires » affirmait le Délégué général de la Fondation Abbé Pierre devant une ministre gênée.

Une réflexion sur de  nouvelles marges de manœuvre ? C’est essentiel en effet pour ne pas faire des promesses qui ne seront pas suivies d’effet. Et c’est ce que propose Nouvelle Donne depuis sa création.

La France est l’un des pays d’Europe où les loyers sont les plus chers. Si nos loyers étaient au même niveau qu’en Allemagne, on ferait en moyenne 250 euros d’économie par mois pour un appartement de 60 ou 70 m2.

Pour faire baisser les loyers, il faut lutter contre la pénurie de logement. Ce qui suppose de construire et rénover massivement dans les zones tendues[1].

Comment investir massivement dans le logement sans augmenter les impôts ? En utilisant autrement des sommes déjà disponibles : en remettant dans l’économie réelle de l’argent qui va aujourd’hui sur les marchés financiers. Nouvelle Donne fera voter en début de mandat 2 dispositions très importantes qui permettraient de créer 200 à 300.000 emplois.

> Utiliser les 36 milliards du Fond de Réserve des Retraites. Ce fond, créé par Lionel Jospin, est actuellement placé sur les marchés financiers, un placement risqué financièrement et sans aucune utilité sociale. Nouvelle Donne veut que le FRR soit investi dans la construction, la rénovation et l’activation[2] de logements.

> Investir 20 % de la collecte des sociétés d’assurance. Nouvelle Donne veut également modifier le Code des assurances pour obliger les sociétés d’assurance à investir 20 % de leur collecte annuelle dans la construction de logement. Ce fut déjà le cas pendant des décennies : dans certaines villes de France, on voit parfois au pied des immeubles des plaques GAN ou AXA, qui datent de l’époque où la loi obligeait les assureurs à ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier, et à investir dans la pierre.

Pourquoi ne pas réintroduire cette obligation dans la loi ? Cela ne coute rien à l’Etat et peut assurer un financement pérenne à la construction de logements intermédiaires.

Qu’est-ce qui bloque ?

À chaque fois que ces idées sont mises en avant à la télévision, tous les journalistes (Yves Calvi, Audrey Pulvar…) et tous les politiques les trouvent “très intéressantes”… mais rien ne bouge ! Qu’est-ce qui bloque ? Le lobby des banques, qui gèrent le Fond de Réserve des Retraites ?

[1] Nouvelle Donne veut rompre avec les politiques qui concentrent de plus en plus l’activité et l’emploi dans les grandes métropoles au détriment des zones périphériques et des zones rurales. Mais, même en rompant avec cette concentration, on doit faire face à un déficit important de logement dans certaines zones urbaines.

[2] Activer des logements, c’est mettre sur le marché locatif des appartements que le propriétaire laissait vide. On lui donne un chèque correspondant à 5 ou 10 années de loyer. L’appartement est disponible pour être loué comme logement social ou logement intermédiaire. Le propriétaire n’a aucun souci pendant 5 ou 10 ans et on lui rend son bien à la fin de cette période.