par Nicole Lozano

Chaque jour qui passe porte à notre connaissance son flot de faits nouveaux sur ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Benalla ». Informations, désinformations, mensonges, vérités… il est bien difficile de faire la part des choses. Tout en souhaitant que les différentes commissions d’enquêtes mises en place parviennent à faire la lumière sur cette affaire, et que les conclusions soient rendues publiques en toute transparence, nous ne sommes pas dupes de la composition majoritaire de l’assemblée nationale qui lui permet d’escamoter les débats.
Si l’on peut déplorer que, jusqu’à maintenant, la transparence n’ait pas été de la partie, il est toutefois établi que M. Benalla était à la tête d’une équipe “parallèle” chargée de la sécurité du chef de l’Etat.
Les actes de violence gratuite dont il est responsable le 1er mai sont certes condamnables, mais au-delà de l’indignation, ils appellent à une réflexion de fond sur ce groupe de sécurité auquel il appartient, et sur les protections qui lui ont permis d’échapper à la justice.
Nous nous interrogeons sur ces « chargés de mission », conseillers et force de l’ordre parallèle, et les risques que l’existence de ces forces pourraient faire courir à la démocratie.
Le maintien de l’ordre et de la sécurité des personnes doit rester aux seules mains des forces de police et de l’armée qui sont assermentées et formées à cet effet. Or, on le voit bien, le recours à des organismes privés, agences de sécurité et autres, se généralise. On connaissait ces pratiques par des entreprises privées, et, depuis quelques années, par des municipalités (suite à la défaillance des pouvoirs publics), mais nous n’avions pas conscience que de telles pratiques étaient instaurées au sein même de l’Elysée ! Nous nous posons la question des effets pervers du partage de la sécurité entre public et privé. Quelles garanties de bon fonctionnement et de respect de l’éthique avons-nous ? Quel encadrement pour ces polices privées ? Ne s’agit-il pas de l’émergence de « milices » privées, qui, lorsqu’elles sont au service des plus hauts échelons du pouvoir, sans garde-fou face aux dérives tentantes pour des personnalités avides de pouvoir et peu regardantes des droits, mettent en péril la démocratie.
Dans le cas de M. Alexandre Benalla, chargé de mission auprès du Président, qui se présentait comme adjoint au chef de cabinet du Président sur sa carte de visite alors qu’il n’avait pas cette fonction, quelles étaient ses ambitions et ses pouvoirs réels ? On peut s’inquiéter, surtout après la confirmation, par le Ministre de l’Intérieur, de la mise en place du groupe de travail destiné à créer un nouveau service de protection du président, dans lequel M. Benalla avait obtenu le droit de siéger.

La sécurité du chef de l’Etat et de tous ses représentants doit rester le fait d’un organisme public, officiel avec un cadre bien établi, des règles et des comptes à rendre, il en va de la sauvegarde de notre démocratie. La mise en place d’une sécurité privée, d’une équipe “parallèle” chargée de la sécurité du chef de l’Etat, sans aucun contrôle par les institutions, représente un réel danger. Et sans cette « affaire Benalla », que serait-il advenu ? Jusqu’où cela serait-il allé ?
A Nouvelle Donne nous réaffirmons qu’un service public fort, avec les personnels formés, en nombre suffisant, dans un cadre réglementaire bien défini, et un budget adapté, est seul garant de notre démocratie. Toutes les forces de sécurité et de protection de la population doivent être publiques. Toute dérive en l’espèce est condamnable et représente un danger.