Par Michel Rocard, Philippe Maystadt, Miguel Angel Moratinos et Pierre Larrouturou

D’abord, un lâche soulagement : l’Europe était passée si près de la catastrophe que nous ne voulions pas regarder le détail de l’accord. Le pire avait été évité : la Grèce n’était pas expulsée et la zone euro n’avait pas explosé. L’essentiel était sauf. En apparence en tout cas. Mais à quel prix ? Comment ne pas partager les inquiétudes du Spiegel qui voit dans cet accord « un catalogue de cruautés » imposées à la Grèce et« un recul pour l’Europe » ? Comment ne pas comprendre la colère de ces milliers de Grecs qui ont l’impression que leur vote a été bafoué ?

Alors que les deux premiers plans d’aide à la Grèce ont provoqué la chute de 25 % de l’activité du pays et fait flamber chômage et pauvreté sans jamais diminuer le ratio dette-PIB, qui peut croire que ce troisième plan va sortir la Grèce de la crise ?

Angela Merkel, chancelière allemande, arrive au Sommet réunissant les 19 chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro à Bruxelles le 12 juillet 2015.

Un accord de comptables

Comment fermer les yeux sur les souffrances du peuple grec quand on voit ces retraités dont les revenus ont baissé de 30 % ou 40 % et qui tentent d’aider enfants et petits-enfants ? Comment applaudir un accord de comptables quand on voit ces milliers d’hommes et de femmes qui « souffrent dans leur peau » car ils n’ont plus un accès normal aux soins ? Après des années de sacrifice qui ont permis de passer d’un déficit budgétaire de 12 % à un léger excédent, comment ne pas compatir aux souffrances et à la colère du peuple grec ?

Retrouvez l’article dans son intégralité sur Le Monde.fr 

Pierre Larrouturou est porte-parole du parti politique Nouvelle Donne.
Philippe Maystadt, ancien ministre des finances belge, est président honoraire de la Banque européenne d’investissement.
Miguel Angel Moratinos est ancien ministre des affaires étrangères espagnol.
Michel Rocard est ancien premier ministre.