Une petite polémique vient d’être lancée par quelques élus du Parti de gauche au sujet du Traité transatlantique : Nouvelle Donne serait favorable au Traité en négociation et prouverait ainsi sa vraie nature : un faux-nez du PS, un sous-marin du Grand Patronat.
L’attaque nous a étonnés car, il y a quelques semaines chez Daniel Schneiderman, Eric Coquerel affirmait au contraire que nous étions tellement proches que nous devrions faire liste commune aux Européennes !
Cette proposition nous avait surpris car il y a entre Nouvelle Donne et le Front de Gauche des divergences importantes dans les programmes, les stratégies et notre façon de concevoir le débat politique mais nous ne pensions pas passer aussi vite du statut d’alliés privilégiés à celui de traître-à-la-cause.
Sur le fond, cette attaque est ridicule : Susan GEORGE a très bien expliqué, dans un communiqué publié sur notre site et, dimanche dernier, lors du meeting de Paris, les multiples raisons (sociales, environnementales, démocratiques) pour lesquelles nous nous opposons au Traité en discussion : https://www.nouvelledonne.fr/communiques/ttip-tafta
Que tous ceux qui ne connaissent pas encore le sujet, prennent un moment pour lire l’argumentaire de Susan. Ils verront quel recul social, environnemental et démocratique nous subirions si les négociations se poursuivaient sans que les Citoyens puissent reprendre la main.
Ayant rencontré cette semaine des salariés qui travaillent dans l’industrie chimique, j’ajouterai un argument supplémentaire : si les dirigeants américains veulent signer ce Traité au plus vite, c’est pour profiter de l’avantage que leur donne l’exploitation des gaz de schistes. Ils savent que cet avantage ne durera pas très longtemps (la durée de vie d’un forage n’est que de quelques années) mais pendant une dizaine d’années, ils espèrent attirer aux Etats-Unis toute les industries hautement consommatrices d’énergie et assécher totalement les investissements en Europe.
Et tant pis, si dans quelques années, le prix de l’énergie revient à un haut niveau des deux côtés de l’Atlantique (des gaz de schiste, il ne restera aux USA que la pollution et les problèmes de santé), l’industrie européenne aura « définitivement » été mise à terre pas une décennie de délocalisation.
Donc, pour de multiples raisons, Nouvelle Donne est totalement hostile au Traité que certains veulent négocier dans le dos des peuples. Pourquoi le Parti de Gauche affirme-t-il le contraire ?
Si je n’ai pas voté le texte proposé par le FDG vendredi au Conseil régional d’Ile de France, c’est uniquement parce que je n’étais plus à la région en fin de session, quand le texte est passé. J’étais retourné au QG de campagne de Nouvelle Donne pour une réunion avec des amis venus de plusieurs régions. Organiser un mouvement qui est passé en trois mois de 0 à 5.900 adhérents nous occupe un peu…
La semaine dernière, au Conseil régional, il n’y avait personne du Front de gauche en commission économie. Je n’ai pas fait un communiqué de presse pour dénoncer cette absence. De même, quand Jean-Luc Mélenchon est absent du Parlement de Strasbourg, personne ne dit que, par son absence, il soutient la politique de Barroso.
En décembre 2012, le Front de gauche et les écologistes ont refusé de voter l’amendement anti-dumping fiscal européen et pro-Impôt européen sur les bénéfices que j’avais déposé. Ils ont mis en avant un problème de manque de temps pour l’étudier. J’ai trouve ça très regrettable mais je n’ai pas fait un communiqué de presse ni tiré des leçons politiques de ces refus.
Certains disent que le texte soumis au vote vendredi par le Front de gauche était purement symbolique et n’a aucune portée pratique. C’est vrai mais tout ce qui permet d’alerter les citoyens et de lancer un débat sur cette question fondamentale est bienvenue.
Le débat sur ce Traité est fondamental. Raison de plus pour ne pas le polluer avec des petites attaques politiciennes.
Bonne journée à tous.
Pierre Larrouturou