En mai 2013, alors que le collectif Roosevelt tentait de réveiller l’Assemblée Nationale, nous avions croisé la route de Pierre Larrouturou. Nous avions d’ailleurs évoqué ses propositions dans notre Top 5 des #PlanB. Depuis, certains d’entre nous ont lu son livre. Ça n’a pas été facile. Il y a quand même Michel Rocard sur la couverture.

Mercredi dernier, nous avons essayé d’en savoir un peu plus les intentions de celui qui vient tout juste de quitter le PS pour créer Nouvelle Donne. Bien que le discours soit rodé, certaines questions resteront sans réponse, les décisions n’étant pas encore actées.

Nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais c’est mieux si tu te fais ton opinion toi-même.
Babordages : Peux-tu revenir un instant sur ton parcours et nous expliquer pourquoi aujourd’hui, tu as décidé de quitter le PS pour créer Nouvelle Donne ? Quel a été l’élément déclencheur ?

Pierre Larrouturou : Ça fait vingt ans que je participe au débat public. Mon parcours est un peu sinueux, je ne suis pas resté toujours dans le même parti. J’ai eu ma carte au PS quand j’étais étudiant. Je l’ai quitté parce que j’ai été déçu par ce qu’avait fait Rocard, et j’y suis revenu après le 21 avril 2002 parce que je pensais que la baffe était suffisante. J’ai pensé que cela suffirait pour qu’ils se mettent au boulot. François Hollande m’a dit : « Si nous t’avions écouté, ça ne se serait pas produit, tu as toute ta place, reviens à la commission économie. » Et j’y ai cru. On a essayé de les faire bouger. On avait été plus de 5000 militants et 18 députés à demander que le PS se mette au travail. Voyant que ça ne bougeait pas, j’ai quitté le PS pour EELV avec Stéphane Hessel, en espérant que cette formation allait incarner quelque chose de nouveau. Et puis, nous nous sommes rendu compte que dans les négociations avec le PS, tous les éléments les plus importants étaient laissés de côté, pour obtenir des postes. Nous ne partagions pas cette stratégie qui montre aujourd’hui ses limites.

On s’est rendu compte qu’aucun débat n’était possible au PS ni sur les questions économiques, ni sur l’Europe.Nous sommes donc revenus au PS où nous avons pu déposer une motion. On a fait plutôt un bon score, 12%, plus de 10000 militants avaient voté pour nous, dans un parti que tout le monde disait verrouillé. Il y a quinze mois, après le congrès de Toulouse, nous avions la promesse par écrit que le PS allait se mettre au boulot, que pendant trois mois début 2012, durant des états généraux de l’emploi, on allait réfléchir vraiment à comment lutter contre le chômage et la précarité. On y a cru. Et non seulement nous n’avons pas eu trois mois, ni même trois semaines et même pas trois heures. Mediapart raconte d’ailleurs comment on s’est fait déchiqueter juste parce que nous montrions la courbe de la croissance sur les dernières décennies. Il y a eu aussi une convention sur l’Europe, et alors que nous étions membres du bureau national avec quelques amis, nous voulions déposer un amendement sur l’Europe politique, pour dire que c’est maintenant qu’il faut que François Hollande tape du poing sur la table sur l’Europe sociale et sur l’Europe politique. Et on a été interdits. Physiquement. On s’est rendu compte qu’aucun débat n’était possible au PS ni sur les questions économiques, ni sur l’Europe. À aucun moment. Quand on arrive tout le monde ricane.

Et vous avez continué à y croire au début de la mandature ?

On a été reçus, avec le collectif Roosevelt, une quinzaine de fois, à Matignon, à l’Élysée, donc on y a cru. Le fait qu’ils prennent le temps de nous recevoir, longuement, on s’est dit que peut-être ils étaient intéressés. On a cru pendant quelques mois qu’ils allaient bouger. Jean-Marc Ayrault m’a même dit : « Je suis comme toi, tous ceux qui disent que la croissance revient, je n’y crois pas. » Comme on croit vraiment à ce que l’on dit sur la gravité de la crise sociale, sur la question politique, ce qui est en train de se rompre entre le peuple et les élites. Sur la question climatique, on croit vraiment qu’on n’a pas vingt ans devant nous pour changer les choses, on s’est dit que nous allions tout faire pour convaincre. Tout de suite. Nous avions prévenu que si ça ne bougeait pas à La Rochelle nous prendrions nos responsabilités. On ne va pas cautionner une politique qui nous amène à la catastrophe. Nous sommes donc partis et nous allons proposer aux citoyens de voter pour une alternative.

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Le site de Nouvelle Donne est ici. Tu pourras y consulter leurs propositions, leurs graphiques et voir la vraie tête de Pierre.

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