Un candidat de plus … pour quoi faire ?

A deux mois du 1er tour, nous sommes des millions à ne pas savoir pour qui voter. 80 % des Français sont déçus par la campagne. 84 % estiment qu’elle est verrouillée.

« J -60 avant le premier tour. Les boules ! On a le choix entre un programme nébuleux, un programme rétrograde et un programme utopique. Marianne réveille-toi ! » écrit le Président des Maires ruraux. Des scandales à répétition et « aucun débat de fond… Marine Le Pen a un boulevard devant elle » s’inquiète Le Monde.

Dans ce paysage déjà complexe, à quoi peut servir une candidature de plus ? Alors qu’on ne parle à gauche que de « rassemblement » pour battre la droite dure et l’extrême droite, pourquoi Nouvelle Donne est-elle toujours à la recherche des 500 signatures ?

Parce que nous sommes persuadés qu’il n’y a aucun rassemblement possible et aucune victoire possible si la gauche ne propose pas un projet à la fois plus ambitieux et plus crédible.

Les sondages sont à prendre avec énormément de précautions mais ils sont parfois le reflet d’une tendance réelle : Benoît HAMON qui était à 18 % le 1er février est tombé en 3 semaines seulement à 13 %… En 4ème position, très loin derrière le trio de tête et 2 points seulement devant JL Mélenchon, qui trouve dans ce faible écart un argument supplémentaire pour refuser un rassemblement.

Faut-il attendre que la catastrophe ait lieu pour dire la vérité ? Le projet qui a permis à B. Hamon de battre M. Valls dont les idées et la pratique du pouvoir étaient refusées par un grand nombre de sympathisants de gauche, ne peut permettre ni la victoire à la présidentielle ni même le rassemblement.

Aucune ambiguïté.

  1. Nous voulons profiter des semaines qui viennent pour faire connaitre nos idées : sonner le tocsin, dire l’urgence, et imposer dans le débat public quelques-unes des solutions que porte Nouvelle Donne pour sortir de la crise.
  1. Si un candidat de gauche a la moindre chance de se qualifier au second tour, nous ne prendrons aucun risque : nous nous retirerons. Nous n’avons jamais joué contre notre camp.

Grâce à Benoit HAMON, mais aussi grâce à Alternatiba, au collectif Roosevelt, à Nouvelle Donne, au film DEMAIN, à Alter Eco, Dominique Méda et à des milliers de citoyens actifs…, le débat public porte enfin sur les vrais enjeux et en particulier sur les limites de la croissance, sur notre rapport au travail, sur le lien entre revenu et travail… C’est un vrai progrès. C’est nettement mieux que le Burkini et “notre retard de compétitivité”…. mais cela ne suffit pas pour gagner.

Pour rassembler la gauche et pour avoir une chance de gagner, il manque encore un projet à la fois ambitieux et concret. C’est pour cela qu’aucun candidat n’arrive vraiment à « décoller » et à imposer le rassemblement.

Interrogé sur la question du revenu universel, Thomas Piketty s’exclamait le 12 février sur France-Inter, « dire qu’on va donner 600 euros à tout le monde, ça n’a aucun sens !» Les journalistes (et les électeurs) s’interrogent alors sur le soutien de Piketty au candidat socialiste puisque c’est l’idée phare portée par Benoit Hamon dans la primaire…

Soyons clair : il est fondamental de dessiner un « futur désirable ». Il est fondamental de rompre avec l’économisme triomphant. Fondamental d’ouvrir des pistes nouvelles et de casser des tabous… Mais il est fondamental aussi de convaincre une majorité de citoyens qu’on apporte des solutions efficaces pour répondre à leurs préoccupations d’aujourd’hui.

C’est en cela que Nouvelle Donne peut être utile en mettant dans le débat public des solutions concrètes largement compatibles avec les projets des autres candidats progressistes, mais souvent plus audacieuses ou plus concrètes.