Les propos irresponsables de Nicolas Sarkozy sont symptomatiques d’un maquignonnage politique détestable.

Nicolas Sarkozy vient de rejoindre officiellement le camp des climatosceptiques. Hervé Nathan, journaliste de l’hebdomadaire Marianne, rapporte qu’avant-hier, devant un cercle de patrons, l’ancien chef de l’État a ostensiblement nié l’impact des activités humaines, et notamment économiques, sur les changements climatiques. Il a affirmé avec aplomb : « Cela fait quatre milliards d’années que le climat change. Le Sahara est devenu un désert, ce n’est pas à cause de l’industrie. Il faut être arrogant comme l’homme pour penser que c’est nous qui avons changé le climat… »

Nouvelle Donne déplore et réprouve le caractère toxique de ces propos, surtout de la part d’un ancien chef d’Etat, mais se réjouit qu’il tombe le masque, permettant aux électeurs de cerner le personnage.

Quand on sait que 97% des scientifiques spécialistes du climat établissent désormais clairement la responsabilité humaine dans le dérèglement climatique, on est en droit de se demander qui pêche par arrogance !

Opportunisme et populisme

Chez Nouvelle Donne, nous ne sommes pas dupes quant aux motivations de l’exubérant — et exaspérant — prétendant au retour à l’Élysée, à bien des égards comparable à l’éxubérant Trump d’outre-atlantique. Le 18 juin 2015, il avait déclaré sans retenue dans une interview pour Le Point : « Pour gagner, il faut dire aux Français ce qu’ils désirent entendre. » Il admet donc ouvertement qu’il pratique le calcul politicien et la promesse creuse, au service du seul objectif qui le mobilise : « gagner ». Nous espérons que nos concitoyens y verront clair dans son jeu cynique.

Pour nous, un tel cynisme est obscène : c’est là un comportement aux antipodes de la vision que nous avons d’une politique saine et salutaire, qui doit être une politique responsable, lucide sur les problèmes et la complexité de leurs interrelations, clairvoyante sur les enjeux et bien entendu au service de l’intérêt durable du plus grand nombre.

Lorsqu’il se permet d’affirmer que l’humanité n’est pas responsable des bouleversements climatiques en cours, posture désormais anti-science, l’ancien président cherche bien sûr à séduire en calant son propos sur les attentes de son auditoire : devant un parterre de chefs d’entreprises, il juge donc opportun de leur faire comprendre que s’il est élu, ils pourront librement poursuivre leur projet productiviste effréné, destructif et intensif en combustibles fossiles. En outre il accorde ses déclarations à ce qu’ont envie d’entendre les oligarques et capitaines d’industrie qui doivent lui promettre de financer sa campagne ; ceux-là ont compris depuis longtemps que la prise en compte sérieuse, au niveau politique, des défis écologiques vitaux serait peu compatible avec leur course aux profits immédiats et sans limite. Nous nous indignons donc doublement contre cette déclaration, en ce qu’elle trahit non seulement le fonctionnement scandaleux de l’ex président mais aussi l’état d’esprit nocif d’une bonne partie du grand patronat.

Nouvelle Donne condamne vivement de tels propos et de telles postures, que nous jugeons dangereux. À l’heure où la communauté scientifique internationale nous alerte, preuves à l’appui, d’une conjonction sans précédent de calamités environnementales, diffamer l’écologie pour perpétuer un business as usual délétère n’est pas irresponsable, c’est criminel.

La responsabilité humaine dans les changements climatiques : une vérité établie scientifiquement

L’on connaît fort bien les enjeux des changements climatiques en cours ; il s’agit de la plus grande menace qui pèse sur la vie sur Terre, et il est nécessaire de réaliser notre responsabilité déterminante dans le phénomène pour ne pas se résigner à croire qu’on n’y peut rien changer.

Il s’agit bien d’un effet de serre et non d’un phénomène dû au Soleil car la haute atmosphère (stratosphère) se refroidit, contrairement à ce qui se passerait si le Soleil était responsable du réchauffement. L’effet de serre est dû aux gaz à effet de serre, or ceux-ci ont la même signature chimique que le carbone des hydrocarbures : on sait donc avec certitude que l’augmentation des gaz à effet de serre provient des activités humaines.

Il est démontré, au sens le plus rigoureux du terme, que nous sommes responsables des modifications climatiques actuelles. Ne pas tout entreprendre pour limiter l’ampleur des dérèglements à venir serait coupable.

Monsieur Girouette suit la météo mais ignore le climat !

Malgré tout le sordide de la stratégie déployée par Nicolas Sarkozy, cela ne nous surprend guère. Petit coq changeant de profil au gré du vent, il a depuis longtemps déjà tourné le dos à l’écologie et — donc — aux questions de soutenabilité de la société : le long terme de tous il s’en moque et ne se soucie guère que de son court terme personnel.

En 2007, durant sa campagne présidentielle, il avait volontiers signé le Pacte de Nicolas Hulot pour l’écologie… et quelques mois à peine après son arrivée à l’Élysée,avait lancé le Grenelle de l’Environnement. Il faut d’ailleurs voir ou revoir le magnifique discours donné lors de cet événement pour réaliser la magnitude du retournement de veste (voir le discours ici). En 2009, il avait déclaré avec emphase que l’écologie « ce n’est pas une idéologie, ce n’est pas une lubie, ce n’est pas un truc, ce n’est pas une tactique, ce n’est pas un positionnement. C’est une conviction. »

Une conviction manifestement vite oubliée puisqu’il a sorti cette phrase désormais célèbre au Salon de l’Agriculture 2010 : « Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d’environnement, parce que là aussi, ça commence à bien faire… »

Cette année, c’est l’apothéose. Le 3 février dernier, dans un discours donné à l’occasion d’une séance de formation intitulée « Agriculture et ruralité » à l’intention des cadres du parti Les Républicains, il a déclaré sans masquer son mépris : « Quant à l’expression bizarre d’agroécologie, c’est le faux nez d’une véritable obsession pour la destruction de notre puissance agricole, qui serait remplacée par la possibilité donnée aux bobos d’aller faire leurs courses à la ferme dans le cadre des “circuits courts”. Et pendant qu’on y est on pourrait toucher le béret et on aurait même le droit, pour chaque produit acheté, de faire une photo. »

Le 2 mars, il a expliqué devant des éleveurs qu’il pensait qu’on « est allé trop loin » dans « l’application » de l’accord du Grenelle. À un représentant de la FNSEA qui lui reprochait d’avoir signé le Pacte de Nicolas Hulot en 2007, il a répondu :« Est-ce que j’ai bien fait de signer ? Je me suis posé la question… C’était une façon de céder à la pensée unique, à des gens qui au fond ne représentent que très peu, que les médias adorent mais qui ne représentent pas grand chose. »

Puis il a rappelé le « contexte de l’époque » : « On sortait de toutes les polémiques sur la qualité de la viande. Je me suis dit qu’il fallait réconcilier les consommateurs et les producteurs. (…) Il y avait une défiance fantastique et c’était pas une mauvaise idée… Elle était même bonne ! Le Grenelle de l’Environnement, cela a été très utile en termes d’image. Pour vous ! Pas pour moi. Je m’étonne que vous l’oubliiez… »

On l’aura compris : Nicolas Sarkozy crache sur l’écologie et si vous vous intéressez à la question, il vous méprise officiellement. Ce monsieur est dans le calcul, mais selon nous il ne fait pas le bon car les Français prennent conscience de l’existence de limites naturelles et des problèmes que va entraîner leur transgression systématique. Il est dans l’image, mais selon nous la sienne va gravement souffrir d’autant d’obscurantisme crasse. Il ne s’embarrasse pas de convictions dont il juge qu’elles pourraient nuire à sa précieuse carrière mais selon nous celle-ci doit impérativement s’arrêter là si nous voulons éviter de vouer notre avenir au désastre.

Jamais nous n’avons vu quelqu’un promettre autant et tenir aussi peu parole, et s’enorgueillir de prises de positions si immatures et inconséquentes.

Nouvelle Donne, c’est la démocratie au service d’un projet de société plus fraternelle et durable. Sarkozy, c’est la démagogie au service de l’oligarchie. Il n’a pas de projet sinon d’instrumentaliser les pulsions noires du peuple — peurs, haines et colères — dans l’intérêt de ses amis bling-bling et pour nourrir sa mégalomanie démesurée. Nous avons désormais notre Trump national, une affligeante caricature du politicien véreux. Le pouvoir rend fou, il en est l’exécrable illustration.

L’écologie est une composante essentielle d’un projet politique global

Plus que jamais, Nouvelle Donne affirme que la seule voie qui s’offre à la Nation pour une sortie par le haut est une reprise en main de la politique, une réinvention des institutions pour entrer en Première Démocratie Durable, et l’impulsion d’un grand programme national de transition écologique.

L’écologie ne se résume pas à l’écologie politique ; c’est avant tout un domaine scientifique à la croisée de nombreuses disciplines et c’est une approche transverse, globale, qui concerne tout citoyen, qu’il se sente proche ou non d’un quelconque « bord politique ». On peut ne pas aimer « les Verts » sans que cela nous affranchisse des contraintes environnementales ou nous dédouane de prendre nos responsabilités envers nos descendants. L’écologie est le socle de nos existences présentes et futures ; sans une nature équilibrée, nous ne pourrons pas entretenir une société stable et tout le monde en sortira perdant.

Se contenter, avec suffisance, de caricatures simplistes et insultantes pour tous les Français qui ont pris conscience de l’importance de préserver les écosystèmes, fanfaronner sur des tribunes en alignant les formules idiotes tel un olibrius puéril avide de gloriole, encourager un désintérêt irresponsable pour des enjeux primordiaux pour chacun d’entre nous : voilà le consternant et inacceptable spectacle que nous inflige en ce moment le candidat à la « re-présidence ». Quels que soient ses projets et ses visions pour la France, vous saurez où trouver Nouvelle Donne : aux antipodes de cet homme c’est-à-dire à vos côtés, du côté d’un futur enviable pour tous et non de la continuation acharnée d’un système destructeur du vivant qui opprime la population et ne sert qu’une élite dirigeante devenue folle.

Reprenons la main, et balayons du paysage politique ce triste sire.

Pour Nouvelle Donne,

Arthur Keller,

Référent de la Commission thématique nationale Environnement et soutenabilité