Qu’attend la gauche pour être à la hauteur des enjeux ?

Gare à la dérive ! Gare à l’échec !

Nous voilà proches de l’élection présidentielle et personne, semble-t-il, ne prend en compte l’inexorable dérive de la campagne présidentielle. Nous voilà fascinés par les rebonds de cette campagne, comme aveuglés par le décalage entre nos espoirs et la réalité : des primaires d’appareils politiques présentées comme citoyennes, des parcours solitaires d’hommes providentiels, l’imperturbable campagne d’un parti d’extrême droite….

Mais que fait la gauche ?

Personne ne semble se poser LA question, la seule qui vaille pour le destin de notre pays : quelle chance ont ces candidats face à Macron dont le programme atterrit enfin sur la place publique, face à Fillon s’il persiste malgré sa convocation en justice ou Le Pen, que rien ne semble atteindre, des protestations lors des meetings à sa convocation en justice.

Ouf ! On sait qu’ils ont dîné ensemble !

« Ils » ont dîné ensemble et ils ont « acté » la division de la gauche. Ils ont « acté », à deux, à deux seulement que la gauche renonçait pour 2017. Nous savons donc dès maintenant que ni Hamon ni Mélenchon ne figureront au deuxième tour.

Mais que fait la gauche ? Un duo d’egos irréconciliables : c’est ce qu’on nous propose ?
Est-ce véritablement acceptable de faire l’impasse sur tout ce qui nous rassemble ? Est-ce raisonnable de rester ainsi arc boutés sur les différences de nos programmes qui se résument bien souvent à des échéanciers différents, à des divergences qui pourraient être soumises à l’appréciation des citoyens ?

Voulez-vous vraiment à ce point prendre le risque d’un pouvoir Front national pour 5 ans ? Ou de la poursuite d’un hollandisme aggravé ? Ou encore d’une politique de droite des années 90 agglutinée à des normes sociales rétrogrades ?

Voulez-vous vraiment prendre ces risques ?

Où est le problème majeur de notre société, d’où découlent sa désorganisation, le découragement des citoyens, le risque permanent d’un effondrement de notre société ?

Tous, nous expliquons depuis des années que la Ve République est à bout de souffle. Alors prenons-nous au mot : finissons-en avec la monarchie présidentielle et faisons naître enfin, avant la fin 2017, une République moderne.

Comment ?
Jean-Luc Mélenchon et Benoit Hamon s’engagent par écrit, devant le Peuple et devant le Conseil Constitutionnel, à convoquer, si ils sont élus, dès juin une Assemblée constituante. Composée de parlementaires, de Constitutionnalistes et de citoyens tirés au sort, cette assemblée aurait 4 mois pour rédiger une nouvelle Constitution.
En octobre, le texte serait rendu public et un référendum convoqué pour le début du mois de décembre. Que l’on ne dise pas que le calendrier est impossible : en 1958, l’ensemble du processus de rédaction-adoption de la Constitution de la Ve République a duré moins de 4 mois. Si nous le voulons, au vu de toutes les réflexions accumulées dans nos réseaux, une nouvelle Constitution peut naître d’ici la fin de l’année.
Les deux candidats doivent s’engager à ce que le texte soumis à l’approbation des citoyens contienne a minima la fin du 49-3, la désignation du Premier Ministre par l’Assemblée et non plus par le Président, le droit de vote des immigrés aux élections locales, la loi d’Initiative Citoyenne, le principe d’égalité entre territoires et l’ institutionnalisation des engagements environnementaux de la France.
Ils doivent s’engager aussi à ce qu’une loi organique adoptée par l’Assemblée durant l’été modifie le mode de scrutin pour les législatives et mette en place un scrutin proportionnel comparable au système allemand, qui permet en même temps la stabilité de l’exécutif et l’ouverture du parlement à tous les partis rassemblant au moins 5% des électeurs. Cette loi devrait aussi garantir un non-cumul très strict des mandats.

Ils doivent s’engager enfin à ce qu’une loi de séparation des banques de dépôt et des banques d’affaires soit adoptée durant les 3 premiers mois du mandat, : il n’y aura pas de République sociale si nous ne sommes pas capables de désarmer la spéculation, de rompre avec la marchandisation du monde et de remettre la finance à sa place.

Une dissolution permettra qu’une nouvelle Assemblée nationale soit élue en décembre, en même temps que sera adoptée la nouvelle Constitution.

Lequel des deux candidats doit demeurer « LE » candidat de la gauche ? Quelle importance !
Benoit Hamon peut être rendu co-responsable du bilan de ce quinquennat tandis que Jean-Luc Mélenchon est resté au gouvernement quand Jospin a inversé le calendrier ….
Va t-on à un moment cesser de compter les points positifs et négatifs des l’un et l’autre alors que le sort de 6 millions de chômeurs se joue, que des millions de pauvres et de précaires tentent de survivre, qu’une nouvelle crise financière peut éclater à n’importe quel moment ?

6 mois, simplement 6 mois pour reprendre le contrôle de notre vie politique : est-ce trop demandé à ces deux hommes de raison ? D’autant que la nouvelle Constitution mettra fin au régime présidentiel, celui là même que tous deux disent combattre.

Mais pendant ce temps de Constituante, rien ne bouge ? Rien ne se règle et le peuple attend ?
Beaucoup de choses peuvent être faites dans l’immédiat, sans avoir à changer quelque traité, par de simples mesures protégeant les salariés en évitant les licenciements, soutenant et renforçant les PME, investissant dans le logement et la transition écologique, toutes mesures que Nouvelle Donne propose depuis 5 ans aux gouvernements Hollande ….

Nous pouvons rassembler la Gauche ; chacun d’entre nous sait bien que c’est la volonté des militants de Benoit Hamon, de Jean-Luc Mélenchon, de Nouvelle Donne, de Charlotte Marchandise et de tous ceux qui appartiennent à des mouvements comme ATTAC, Alternatiba, Collectif Roosevelt etc.

Nous pouvons le faire : alors on attend quoi ?

Josée Lasselain
Anne Thibault